13 février 2020

REFORME DES RETRAITES Qui va payer ?


Nous avons un des meilleurs systèmes de retraite au monde, si ce n’est le meilleur. Pourtant, le président de la République a décidé, par idéologie pure, de l’anéantir. Au nom du marché, on remet en cause le principe de solidarité qui fait la force de la protection sociale en France.
Tout ce qui touche aux questions sociales, ou à la santé, est désormais considéré comme une dépense qu’il faut réduire. Le projet présenté vise à nous faire travailler plus longtemps, avec une pension aléatoire en fonction d’une valeur de point fluctuante.
C’est une gestion individualisée des retraites visant à opposer les professions entre elles.
La CGT, depuis déjà plusieurs mois, alerte sur les dangers de la réforme des retraites qui ne dit pas son nom : Précarité !


Recul de l’âge de départ en retraite et baisse des pensions pour tous les salariés
Peu importe la génération, il faudrait, dès 2022, progressivement tous travailler plus longtemps et jusqu’à l’âge de 64 ans en 2027 pour garantir un niveau de retraite comparable (sinon 10% de décote). C’est la double peine et le recul de l’âge réel de départ à la retraite sans le dire. Où est la promesse du président Macron de ne pas toucher à l’âge légal de 62 ans ? Pour les carrières longues, terminé le départ à 60 ans, c’est désormais au minimum à 62 ans. Les personnes nées entre 1960 et 1974 sont donc directement touchées par la décote puis toutes les générations suivantes avec un risque fort de déplacement de l’âge «pivot» à 65 ans très rapidement. Pour tous les jeunes nés en 2004 (entrant sur le marché du travail en 2022 à l’âge de 18 ans) application du régime universel par point. Ceux qui sont nés entre 1975 et 2003 auraient un système mixte, une usine à gaz avec encore plus d’incertitude sur le montant final de leur pension.

Une mesure de droite pour la retraite à 1000 euros net/mois
Pour avoir une retraite minimum 85% du SMIC, soit 1021 euros, il faudra avoir travaillé sans interruption de carrière. Cette disposition était déjà prévue dans la loi de 2003 (Fillon) et n’a pas été appliquée depuis 17 ans. Aujourd’hui on est en moyenne à 970 euros. Le gouvernement survend cette proposition, 1021 euros c’est 20 euros en dessous du seuil de pauvreté (référence 2017 source INSEE). Ce n’est aucunement une avancée. Toutes les personnes n’atteignant pas l’âge pivot (64 ans) ou ayant une carrière incomplète auront beaucoup moins. Aujourd’hui, un salarié touchant en moyenne 1650 euros sur toute sa carrière perçoit déjà cette somme, demain les salariés entre 1650 euros et 1950 euros percevront aussi cette somme !!!

Les femmes vont encore trinquer 
La réforme en cours ne corrige pas les inégalités de salaire et d’évolution professionnelle entre les femmes et les hommes.
Un système à points où le niveau de la pension est étroitement lié au salaire est par nature injuste envers les personnes qui ont de plus petits salaires, qui subissent des temps partiels ou qui connaissent des interruptions de carrière : dans chacune de ces situations, les femmes sont surreprésentées.
Actuellement l’écart de pension entre les femmes et les hommes est d’environ 22 % (40% si on enlève les dispositifs de solidarité (trimestres maternité, droits conjugaux, pension de réversion, 150h/ smic validant un trimestre entier…)
Il est sûr que l’attribution d’une bonification de 5 % par enfants, dès le 1er enfant, ne compensera pas la suppression des 8 trimestres/enfant dans le privé ou des 2 trimestres/enfant dans le public.

Les familles nombreuses mises à contribution
Jusqu’à présent les 2 parents de 3 enfants et plus bénéficient d’une majoration de 20% (10% pour chacun des 2 parents), avec la reforme cette majoration tomberait à 17% (5% par enfants + 2% de majoration exceptionnelle).

La double peine des privés d’emploi
La réforme des retraites succède à la réforme de l’assurance-chômage, dont les premières mesures sont mises en oeuvre depuis le 1er novembre dernier.
Le gouvernement d’Emmanuel Macron a imposé par décret une saignée de plus de 3,4 milliards d’euros de droits d’indemnisation pour les salariés privés d’emploi et précaires.
Le 1er avril, un nouveau mode de calcul sera mis en place, entraînant une baisse de 30 à 50 % des indemnisations.
Le calcul de la retraite sur l’ensemble de la carrière et non sur les 25 meilleures années va défavoriser les salariés ayant une carrière morcelée.
Aujourd’hui, les salariés privés d’emploi indemnisés par Pôle emploi cotisent pour leur retraite sur la base de leur ancien salaire. Avec la réforme des retraites, leur point sera calculé sur la base de leur indemnisation Pôle Emploi (ARE, allocation de retour à l’emploi), soit 62 % de leur salaire en moyenne. Ils auront donc une retraite beaucoup plus faible qu’aujourd’hui
Une injustice pour les chômeurs en fin de droit
Les chômeurs en fin de droit, qui touchent l’ASS (allocation de solidarité spécifique), cotisent aujourd’hui pour leur retraite. Avec son projet de revenu universel d’activité (RUA), le gouvernement souhaite en finir avec l’ASS. Ses bénéficiaires ne cotiseraient alors plus pour leur retraite.

La catastrophe sociale pour les « seniors » privés d’emploi
C’est catastrophique pour les chômeurs âgés, dont le nombre va encore exploser avec le recul de l’âge légal de départ à la retraite. En comparaison avec la réforme de 2010, qui a reculé l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans, le nombre de chômeurs âgés de 60 à 64 ans en fin de droit a augmenté de 75 % et celles et ceux percevant le RSA a plus que doublé (157 % d'augmentation).

Fidèle à ses engagements,
la CGT continue à défendre vos droits et à vous informer.


Un article du syndicat CGT CCI Paris IDF Chambre de Commerce et d'Industrie Paris IDF

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